La consommation d’électricité en France doit aujourd’hui faire face à des défis majeurs. Dans cet article, nous dresserons un état des lieux de la consommation d’électricité du pays, puis nous verrons comment celui-ci aborde la transition énergétique dans le cadre de sa stratégie bas carbone.
Sommaire
Mise en contexte de la consommation d’électricité en France
Rappellons d’abord que l’électricité ne constitue qu’une partie de notre mix énergétique. Elle représente 26 à 38% de notre consommation finale d’énergie (après pertes liées au transport et à la transformation). Le pétrole et le gaz naturel, utilisés pour le chauffage et les déplacements, représentent 58% de notre consommation finale. Ainsi, nous demeurons toujours fortement dépendants des énergies fossiles.
Diverses mesures ont été prises pour réduire notre dépendance au pétrôle et au gaz. On peut citer l’interdiction de mise en vente de voitures thermiques d’ici 2035 (décision Européenne), ou encore la quasi-interdiction des chaudières à gaz dans les logements neufs avec la RE 2020 (Réglementation Environnementale 2020). Cependant, les effets de ces mesures ne sont pas encore visibles.
L’évolution de la consommation d’électricité en France
Analyse historique de la consommation d’électricité en France
À la suite du choc pétrolier, l’Etat s’est lancé dans l’électrification de la France notamment avec la constitution d’un parc nucléaire. L’objectif était de devenir indépendant énergétiquement en limitant les conséquences des crises énergétiques. Il faut cependant rappeler qu’aujourd’hui, le combustible nécessaire aux centrales n’est pas produit en France. Il y a donc toujours une dépendance à certains pays producteurs d’uranium. On a donc incité à installer des chauffages électriques dans les maisons afin de se débarrasser du fioul. Ce qui a eu pour conséquence une augmentation drastique de notre consommation d’électricité.
La modernisation de nos activités va aussi dans ce sens. Des téléviseurs plus grands, des ordinateurs toujours plus puissants, une multiplication des appareils ménagers, et plus généralement des appareils électriques, sont autant de facteurs qui influent sur notre consommation d’électricité.
Entre 1973 et 2019, nous sommes donc passés d’une consommation de 171 TWh (1 TWh= 1 000 000 000 kWh) à 473 TWh soit une multiplication par 3. Il est à noter qu’il y a une stabilisation depuis 2008. Mais cette courbe pourrait bien continuer à monter avec la politique de réduction des consommations d’énergie fossile.
Présentation des chiffres récents et comparaison avec les années précédentes
D’après les chiffres définitifs produits par RTE, la France a consommé 459.3 TWh en 2022. Cela équivaut à une diminution de 1,7% par rapport à 2021, un niveau comparable à celui de 2009. Cette baisse s’explique en partie par les efforts de sobriété effectués par l’industrie, les collectivités et les ménages suite à la hausse des coûts de l’énergie dûs à la guerre en Ukraine. Une sobriété qui a plutôt été imposée donc. Il est à noter que ces chiffres sont indépendants des variations climatiques : ils sont pondérés à la hausse ou à la baisse selon le climat de l’année pour que chaque année soit comparable.
Les sources de production d’électricité en France
Présentation des différentes sources d’énergie utilisées pour produire de l’électricité en France
Pour satisfaire nos besoins en électricité en France, il existe plusieurs moyens de production que nous allons détailler.
Les centrales nucléaires
La France possède 56 réacteurs nucléaires de génération II, appelés « réacteurs à eau sous pression », et un réacteur de génération III, l’EPR, dont la construction a débuté en 2007 (initialement prévue pour 5 ans). Leur fonctionnement repose sur la fission d’atomes d’uranium pour générer une grande chaleur. Cette chaleur évapore l’eau, qui fait ensuite tourner un alternateur produisant de l’électricité.
Les éoliennes
En 2019, la France comptait pour 16 GW d’installation sur son territoire, ce qui en faisait le 4ème pays européen en termes de puissance installée. L’éolien peut être installé sur terre et en mer. Son fonctionnement est simple : au sommet d’un mat pouvant atteindre 100 m de hauteur, se situe un rotor constitué de 3 pales (le diamètre du rotor fait entre 80 et 110m). Lorsque du vent souffle (à minimum 15km/h) le rotor se met en marche et les pâles tournent. Cette rotation entraine la rotation d’un alternateur qui va produire de l’électricité. Pour des raisons de sécurité, les éoliennes ne fonctionnent plus lorsque le vent dépasse les 90 km/h.
Les panneaux photovoltaïques
En 2019, la capacité du parc photovoltaïque en France atteint 9,4 GW et c’est naturellement toute la partie sud de la France qui est la plus favorisée par cette énergie. La France est dans le top 10 mondial des principaux producteurs d’électricité photovoltaïque (10ème place). Le panneau photovoltaïque est composé de deux couches, l’une chargée positivement, et l’autre négativement. Pour fonctionner, le panneau a besoin de soleil. Lorsque les rayons du soleil frappent le panneau, les électrons d’une couche sont libérés, et cherchent à rejoindre l’autre couche pour équilibrer les charges. Ce mouvement crée un courant électrique continu. Ce courant est dirigé vers un onduleur qui transforme le courant continu en courant alternatif, prêt à être consommé.
Les barrages hydrauliques
De nos jours, la construction de nouveaux barrages n’est plus envisageable en raison des impacts négatifs majeurs sur l’écosystème en amont et en aval de la structure. Il existe différents types de barrages, mais ils fonctionnent généralement tous en utilisant l’écoulement de l’eau pour actionner une turbine, qui à son tour génère de l’électricité. Le mécanisme est relativement simple !
Les centrales à gaz et à charbon
Ces deux types de centrales ne sont activées qu’en cas de menace pour l’approvisionnement en électricité, en raison de leur forte émission de gaz à effet de serre. Pour générer de l’électricité, elles brûlent des énergies fossiles qui entraînent la rotation de l’alternateur.
L’importation de l’électricité
Dans certains cas, nous sommes contraints d’importer de l’électricité de nos pays voisins. En 2022, la France a beaucoup plus importé qu’elle n’a exporté d’électricité, pour la première fois depuis 1980.
Analyse de la part de chaque source dans le mix énergétique français
L’année 2022 à été marquée par une baisse historique de la production d’électricité (son plus bas niveau depuis 1992). C’est en grande partie dû à l’indisponibilité du parc nucléaire français qui était en arrêt notamment pour maintenance.
En 2022, on a produit :
- 279 TWh d’électricité d’origine nucléaire.
- 49,7 TWh d’électricité d’origine hydraulique
- 37,5 TWh d’électricité d’origine éolien.
- 18,6 TWh d’électricité d’origine photovoltaïque.
- 44,1 TWh d’électricité produite à partir de gaz.
- 2,9 TWh d’électricité fabriqué à partir de charbon
- 16,5 TWh d’électricité importé.
Discussion sur les enjeux liés à la diversification des sources de production
C’est la première fois depuis 1980 que la France est importatrice nette d’électricité. Et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, c’est en été que les besoins ont été les plus importants.
Malgré les risques d’approvisionnement en gaz, le charbon n’a été que peu utilisé (1 TWh de moins que l’année 2021). Par contre le gaz est devenu la 3ème source de production d’électricité.
L’année 2022 a été marquée par une accélération des installations de systèmes d’énergie renouvelable (5 GW installés). Ce rythme reste insuffisant pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. La faible pluviométrie et la chaleur ont également eu une incidence sur notre production hydraulique (la plus faible depuis 1976).
La production nucléaire a été la plus basse depuis 1988.
La production éolienne a progressée cette année alors même que l’année a été très peu venteuse. Pour le photovoltaïque, l’année 2022 a également été en nette hausse par rapport aux années précédentes.
Enfin, la France a mis en service son premier parc éolien marin d’une puissance de 480 MW.
Les enjeux de la consommation d’électricité en France
Impact environnemental de la consommation d’électricité
Bien qu’en France, l’électricité soit relativement peu carbonée (56.9gCOe2/kWh), elle reste quand même émettrice de CO2. Comme on le dit souvent, l’énergie la moins émettrice, c’est celle qu’on ne produit pas. Plus on consomme d’électricité, plus on risque de produire l’électricité via des sources fossiles. En général, on consomme d’abord l’électricité issue des énergies renouvelables. On se sert ensuite sur le parc nucléaire et en dernier recours on relance les centrales à gaz ou à charbon. En fonction de la disponibilité des énergies renouvelable (vent, soleil…) et du parc nucléaire (maintenance, trop forte chaleur, etc.) et de notre consommation, le poids carbone du kWh sera différent.
Outre ces émissions de gaz à effet de serre, chaque source d’énergie a ses propres détracteurs. On parle notamment de la gestion des déchets nucléaires qui reste toujours très problématique. À ces déchets s’ajoute une ressource (l’uranium), qui n’est pas présente sur notre sol et que l’on doit donc importer. Pour les panneaux photovoltaïques, on est grandement dépendants du marché chinois qui a écrasé les prix, réduisant grandement le nombre de fabricants Européens. Il y a aussi un problème sur la filière du recyclage des panneaux. S’ils sont presque entièrement recyclables, ils sont, dans les faits, très peu recyclés. Enfin pour les éoliennes, beaucoup s’opposent à la présence d’éoliennes près de chez eux, ce qui rend complexe l’installation de nouveaux projets.
Initiatives pour réduire la consommation d’électricité et favoriser l’efficacité énergétique
Face aux risques de ne pas pouvoir assurer un approvisionnement électrique, l’Etat français appelle à la sobriété. C’est-à-dire à une réduction des consommations par le changement de comportement. L’explosion du prix de l’énergie y a certes contribué, mais on estime que ces réductions des consommations ont permis une diminution d’environ 10% de la consommation en hiver 2022.
Lorsqu’on veut réduire les usages par la sobriété, il existe un autre levier sur lequel jouer : l’efficacité des équipements. Pour ce faire, l’Etat aide financièrement les ménages à rénover leur logement grâce à Ma Prime’ Renov. Pour le reste, l’Etat semble être plus dans l’incitation à opter pour des équipements plus efficaces. On le voit notamment avec l’interdiction progressive de mettre en location les passoires thermiques.
Les défis futurs et les tendances émergentes
Transition énergétique
Les orientations politiques indiquent clairement une transition vers l’électrification du pays, touchant tant le secteur des transports, avec la fin programmée des ventes de voitures à moteur thermique d’ici 2035, que le secteur du logement en arrêtant les ventes de chaudières fonctionnant au fioul et au gaz. Cette transformation implique une augmentation significative de la demande en électricité dans le futur proche. Pour y répondre sans recourir aux combustibles fossiles, l’État envisage de développer davantage le nucléaire tout en accélérant la mise en place de solutions énergétiques renouvelables, afin de respecter nos engagements environnementaux. L’inauguration du premier parc éolien en mer est un pas positif dans cette direction.
Cependant, un des défis majeurs reste la difficulté de stockage de l’électricité, qui nécessite une consommation quasi-instantanée une fois produite. Trouver des moyens efficaces de stocker cette énergie pour une utilisation ultérieure est donc un enjeu crucial.
Changements climatiques
Le changement climatique a aussi un impact sur la consommation d’électricité :
- Tout d’abord les effets du changement climatique ont tendance à favoriser des pics de froids plus important en hiver (ce qui induit une surconsommation), et des étés beaucoup plus chauds (ce qui a pour effet d’augmenter fortement nos consommations l’été). On a donc une augmentation de nos consommations du fait du dérèglement climatique.
- Ces changements jouent aussi sur notre capacité à produire de l’électricité. Une baisse de la pluviométrie influe sur la capacité de la filière à produire de l’électricité. Mais ce n’est pas tout : pour être refroidies, les centrales nucléaires ont besoin d’eau (puisée dans les fleuves ou la mer). Or, une augmentation des températures rend plus difficile l’utilisation de cette eau pour refroidir les réacteurs. Le changement climatique a aussi une incidence sur les vents et donc la capacité du secteur éolien à produire de l’électricité.
Réduire sa consommation d’électricité à la maison
C’est un défi auquel nous devons faire face. Baisser dans un premier temps nos besoins en énergie pour diminuer notre dépendance à celle-ci. Cette baisse des consommations entrainera une baisse de l’impact carbone de nos consommations et sécurisera notre approvisionnement en électricité.
C’est dans tous les cas une invitation à une pensée globale sur notre système énergétique. Il ne suffit pas de décider en amont de tout électrifier, il faudra que des efforts soient consentis par tout le monde.
Les épisodes météorologiques de 2022 à travers le monde le démontrent bien, nous devons agir vite et fort pour limiter notre impact sur le climat.
Une des premières chose à faire c’est déjà prendre conscience de ces consommations. Et vous pouvez le faire très facilement via des applications tels que Mon Suivi Logement. C’est la première étape vers le changement. Avec application, vous pouvez notamment suivre votre consommation d’électricité, identifier les postes de consommation les plus énergivores, et prendre des mesures pour les réduire. Vous avez également de nombreux tutoriels à votre disposition pour réaliser des économies d’énergie, et modifier vos habitudes de consommations progressivement.